SOIRÉE MAGIQUE POUR LES ” DRÉPANO “

Chose promise, chose due ! À l’issue d’une rencontre particulièrement émouvante avec une dizaine d’enfants touchés par la drépanocytose et leur famille, le 3 février dernier à l’Hôpital Necker (cf. article ci-avant), Blaise Matuidi avait convié toute l’assemblée à venir encourager les Bleus au Stade de France. Un beau cadeau qui s’est concrétisé le 25 mars lors d’une victoire étincelante des champions du monde face à l’Islande (4-0). Et une grande première pour la plupart des enfants, forcément inoubliable !

 

 

Le rendez-vous était donné sur le parvis de l’immense enceinte sportive de Saint-Denis, devant l’entrée de la Porte S. « S » comme sourire, sincère, solidaire, spontané… « S » comme sensibiliser, encore et toujours, afin que le grand public en connaisse davantage sur cette maladie génétique pourtant si répandue à travers le monde. Et tous ont répondu à l’invitation ! Accueillis sur place par leurs accompagnateurs des Tremplins (Jimmy B., Nanouche Luyindula, Micky Mayindu et Sylvie Matuidi), Philippe, Abderrahmane, Oscar, Aaron, Anas, Sekina, Mathis, Erika et Aristote avaient le visage aussi lumineux que la centaine de spots qui éclaire l’illustre pelouse dyonisienne.

Casquette des Tremplins vissée sur la tête, la colonie s’est installée au pied de la tribune, à seulement quelques mètres des champions tricolores qui s’échauffaient en cadence. « On voit super bien d’ici. Regarde, c’est Matuidi et Pogba ! Et Mbappé est juste là », s’est enthousiasmé d’entrée le jeune Aaron en remuant énergiquement l’épaule de son copain Oscar. Tout aussi euphorique, ce dernier n’a pas tardé à dégainer son smartphone afin d’immortaliser cette première expérience si impressionnante. Puis, tous ont fait virevolter les drapeaux tricolores au moment de la présentation officielle des équipes, avant de reprendre en chœur les chants réinventés à la gloire des champions du monde 2018 et initiés par le Kop Bleu-Blanc-Rouge.

 

« LEUR APPORTER UN PEU DE JOIE ET DE BONHEUR »

Dès la 12e minute de jeu, la joyeuse bande de Necker s’est amusée à « casser la démarche comme Samuel Umtiti », après l’ouverture du score signée par le défenseur central des Bleus et du Barça. « J’espère qu’ils marqueront aussi de notre côté en seconde mi-temps », a réclamé ensuite Anas, lui qui a profité de la pause pour venir se glisser au tout premier rang aux côtés de sa petite sœur Sekina. Un vœu exaucé comme par enchantement par Olivier Giroud (68e), Kylian Mbappé (78e) et Antoine Griezmann (84e), qui porteront le score final jusqu’à un joli 4-0. Entre la ola et ses vagues successives, les chants repris à gorge déployée et la folie collective accompagnant chaque but inscrit, les jeunes « drépano » ont eux aussi donné le meilleur d’eux-mêmes. Avec juste un petit regret pour certains : « Sur le deuxième but, si Giroud avait laissé passer la balle, c’est Blaise qui aurait marqué ». Sans doute, mais la frustration restera insuffisante pour refreiner les larges sourires affichés sur les trombines de chacun au moment de faire les premières analyses du match.   

 

De quoi ravir les docteurs Valentine Brousse et Corinne Guitton, toutes deux pédiatres et expertes au sein du centre de référence des syndromes drépanocytaires majeurs (respectivement aux hôpitaux parisiens de Necker et Bicêtre) et conviées par les Tremplins à participer à la fête avec leurs protégés. Autre invité de marque : notre ami West Ndongala, qui a fondé il y a 10 ans une association (RAPHA, Fondation West) entièrement dédiée à la lutte contre la drépanocytose. « Drépano » lui-même et ayant grandi en RDC, cet homme au grand cœur sait mieux que d’autres à quel point la maladie peut occasionner de grandes souffrances chez les plus jeunes. Surnommé « Akufa lobi » dans son enfance, ce qui signifie « candidat à la mort » en lingala, West a été diagnostiqué drépanocytaire bien plus tard, ce qui lui a enfin permis de mettre des mots sur ses maux. Aujourd’hui, grâce à la bonne prise en charge dont il a bénéficié en France, le jeune garçon chétif qu’il était est devenu un père de famille accompli et un heureux grand-père de 56 ans. Voilà pourquoi il a souhaité partager son expérience personnel avec le plus grand nombre, afin d’aider ses semblables à mieux vivre malgré la maladie.

 

Quelques secondes après le coup de sifflet final, tous ont eu la joie immense de voir leur Blaisou national venir les saluer au bord du terrain, tandis que sa grande sœur (Sylvie) distribuait des cadeaux estampillés « FFF ». Si les enfants sont repartis avec des souvenirs étoilés plein la tête, pour Blaise, la soirée a également été à la hauteur des espérances : « En leur permettant de venir voir l’équipe de France, j’étais convaincu de leur apporter un peu de joie et de bonheur. Cela fait partie des actions qui ne paraissent pas grand-chose mais qui représentent beaucoup pour eux. Vu le spectacle que l’on a proposé, je suis sûr qu’ils se sont régalés. Et moi aussi ! ». Si tout le monde est heureux, alors… Pourvu que ça dure ! 

Auteur de l’article : T. B. M.