CHACHA LA GUERRIÈRE

Il était une fois une jeune et jolie fille, Charlotte, dont la seule présence illuminait le visage et le cœur de ceux qui l’entouraient. Comme beaucoup d’ados de son âge, elle profitait de l’énergie folle que procure cette période de métamorphose pour se construire à toute allure, polir ses rêves d’enfant et croquer la vie à pleines dents. C’est beau l’insouciance ! Et très utile, aussi. Mais pour « Chacha », il a fallu trop vite se confronter à la dure réalité de la condition humaine, parfois terriblement injuste. 

C’est ainsi que, durant le printemps 2016, des douleurs persistantes au ventre et d’abord diagnostiquées comme une tumeur bénigne du pancréas ont, au fil des examens médicaux, pris la forme d’un lourd cancer particulièrement rarissime chez les enfants. Charlotte n’avait alors que 14 ans, un âge où l’on est en droit d’espérer être épargné par ce genre de « saloperie », comme elle a pris l’habitude de l’appeler. Fan inconditionnelle de Blaise Matuidi, elle a alors décidé de s’inspirer de l’état d’esprit de son idole pour se lancer corps et âme dans le premier grand combat de sa jeune existence. 

Formidablement épaulée par sa maman Jessy, aussi dévouée qu’insubmersible, « Chacha » a autant bluffé ses proches que le corps médical. À chaque étape difficile, elle a affiché un mental d’acier et une force de récupération étonnante malgré la lourdeur de l’intervention chirurgicale, les fortes douleurs et les nombreux soins qui ont suivis. Une sacrée bataille menée de front, sans retenue ni complexe, qui l’a amené à remporter le tout premier concours de jeunes talents des Tremplins Live en 2017. Plus fort encore, Charlotte a noué des liens d’amitié aussi inattendus que féériques avec notre « Blaisou » national, touché par le courage extrême et la détermination de celle qu’il surnomme « Chacha la Guerrière ».

 

Comment s’est déroulé ce véritable conte des temps modernes ? Eh bien, c’est Charlotte elle-même qui va tout vous raconter ! Interview.  

« Chacha », tout d’abord, comment vas-tu ?    

Super bien ! Je suis en forme depuis le début de l’année et j’ai pu faire une belle fête avec mes proches pour mes 17 ans, le 27 janvier dernier. En Première ST2S (Sciences et Technologies de la Santé et du Social) au lycée, je me sens plutôt à l’aise. C’est important pour moi de ne rien lâcher à l’école. Malgré ce que j’ai traversé depuis 2016, j’ai tout fait pour ne pas prendre de retard dans mes études. Je suis parfois un peu fatiguée et j’ai régulièrement des examens médicaux à faire mais, pour le moment, j’arrive à suivre normalement ma scolarité. Donc, tout va bien !

 

Depuis des années, tu as choisi Blaise Matuidi comme idole. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?  

Parce que, à chaque fois que je le voyais à la télé, je sentais que c’était un homme simple avec un grand cœur. Que ce soit dans sa façon de jouer, dans ses mots ou dans son attitude avec les supporters, je trouve que c’est le plus gentil et le plus humain des footballeurs actuels. Il a beau être quelqu’un d’assez timide, il donne toujours beaucoup aux autres. Je devais avoir 13-14 ans lorsque j’ai vraiment commencé à suivre de près tout ce qu’il faisait, notamment sur les réseaux sociaux. Et plus le temps passe, plus je l’adore.

 

À tel point que tu as même réalisé un exposé sur lui au collège !

C’était en cours d’anglais, notre prof nous avait demandés de faire un exposé sur notre star préférée. Autour de moi, plein de copains avaient choisi de parler de Ronaldo, Messi ou encore Griezmann. Mais pour moi, naturellement, c’était Blaise ! Vu son parcours, ses valeurs et son état d’esprit, il mérite d’être mis en avant.

 

C’est-à-dire ? 

Alors que j’appréciais déjà le personnage qu’il est, j’ai découvert en préparant mon exposé qu’il avait lui aussi été confronté à la maladie lorsqu’il était enfant. Des problèmes aux reins qui l’ont suivi de la naissance jusqu’à ses années de formation à Clairefontaine, et qui ont bien failli l’empêcher de réaliser ses rêves. Malgré ça, il n’a jamais baissé les bras ! Au contraire, il s’en est même servi pour devenir encore plus costaud. Forcément, ça m’a beaucoup touché. Et ça n’a fait que renforcer toute l’estime que j’ai pour lui.

 

« J’AVAIS L’IMPRESSION DE PARTIR EN MISSION COMMANDO ! »

 

Pour ta part, quand a débuté ton combat contre la maladie ? 

Très exactement le 11 mai 2016. Une date que je ne pourrai jamais oublier. Ce jour-là, alors que j’étais au collège, j’ai commencé à ressentir des douleurs intenses au ventre. Pensant que c’était une crise d’appendicite, l’infirmière de l’école a conseillé à ma mère d’aller rapidement aux urgences. Une fois à l’hôpital, les premiers examens ont été rassurants. Selon le premier médecin que j’ai vu, ça ressemblait plutôt à une infection urinaire. Il m’a donc laissé repartir, en précisant que je devais quand même passer un scanner. Le problème, c’est que l’hôpital nous proposait un rendez-vous seulement en juin ! Trop inquiète pour attendre, ma mère a réussi à obtenir une place plus rapidement ailleurs et j’ai pu faire mon scanner deux jours plus tard. Et là, le docteur nous a annoncé que je souffrais d’une tumeur placée au niveau du pancréas. Pour autant, il ne fallait pas que je m’inquiète de trop car celle-ci était apparemment bénigne et elle ne nécessiterait qu’une petite intervention chirurgicale programmée le 25 juin.

 

Cela fait quand même plus d’un mois d’attente… Sachant que c’était aussi la fin des cours, qu’as-tu fais pour t’occuper l’esprit ? 

C’était pendant l’Euro 2016, j’étais donc à fond derrière les Bleus. Et derrière Blaise, surtout ! L’équipe de France est passée tout près de chez moi lors de son 3e match de poule face à la Suisse (0-0), le 19 juin. La rencontre se jouait à Lille et les Bleus s’étaient installés dans un hôtel près de Béthune. Comme je n’habite pas loin (à Billy-Montigny, entre Lens et Hénin-Beaumont), je me suis dit que c’était l’occasion idéale pour voir Blaise en vrai à seulement quelques jours de mon opération. J’en ai parlé à ma mère et, sans hésiter, elle m’a dit : « allez, on fonce ». C’est drôle, j’avais l’impression de partir en mission commando ! (Rires) On a d’abord tenté de les intercepter à l’aéroport, mais ils étaient déjà partis. Donc, on s’est dirigé vers leur hôtel, mais la police nous a empêchés d’approcher. Au final, j’ai aperçu quelques joueurs dont Paul Pogba. Mais pas de Blaise ! J’avoue que le trajet du retour à la maison a été un peu long. J’étais vraiment déçu.

 

28 octobre 2016. Peu après sa sortie de l’hôpital et au terme d’un périple de près de 24 heures, Charlotte parvient pour la première fois à serrer son idole dans ses bras. Que d’émotions !

 

Et pour ne rien arranger, une semaine plus tard, tu prends un coup de massue sur la tête…  

En effet, le chirurgien qui devait m’opérer m’apprend à mon arrivée à l’hôpital que la tumeur qui touche mon pancréas est cancéreuse. C’est extrêmement rare à mon âge. Mais cela peut arriver, malheureusement. À ce moment-là, j’essaie d’encaisser la nouvelle du mieux possible, mais je vois bien à quel point elle fait souffrir toute ma famille. Moi, je refuse d’envisager le pire, même si je comprends alors que j’ai quelque chose de très grave. Ok, l’opération (reprogrammée le 31 août) va être beaucoup plus longue, beaucoup plus risquée et beaucoup plus douloureuse. Mais je vais m’en sortir ! Dans ma tête, c’était une obligation. Ça devait se passer comme ça et pas autrement. Alors, j’ai continué à soutenir comme une dingue les Bleus et mon « Blaisou ». Dans mon entourage, tout le monde était halluciné de me voir aussi euphorique match après match, malgré la « saloperie » qui me rongeait. 

 

En plus, le parcours des Bleus a été magnifique ! Excepté la finale contre le Portugal (0-1, le 10/07/2016) 

Pff, j’ai pleuré comme une madeleine. Ils méritaient tellement de gagner. Le pire, c’est quand j’ai vu Blaise fondre en larmes au moment d’aller chercher sa médaille de finaliste. C’était le plus malheureux de tous ! Là, j’ai carrément craqué en mettant des coups de poing dans le mur. J’avais vraiment mal pour lui. C’était sans doute excessif, mais c’est sorti comme ça. Après, jusqu’à la fin août avec maman, on a essayé de contacter Blaise ou son entourage en envoyant plusieurs messages sur son compte Instagram. Sans succès. Forcément, j’étais un peu dégoûté. Mais il fallait que je reste positive avant l’opération pour mettre un maximum de chance de mon côté. Deux jours avant d’entrer à l’hôpital, j’ai d’ailleurs organisé une grande fête avec tous mes proches pour regonfler mes batteries à bloc. Et une fois remise sur pied, j’avais bien l’intention de parvenir enfin à croiser la route de mon idole.

 

Avant ça, tu avais un match à gagner contre ta « saloperie » !

Oui, un gros ! Descendue au bloc opératoire à 08h00, j’en suis remontée près de 10 heures plus tard. Avec la puissance de l’anesthésie, je n’ai pas vraiment de souvenir de mon réveil. Pour l’anecdote, ma mère m’a raconté que la première chose que j’ai faite, c’est… un doigt d’honneur ! (Rires) Je ne sais pas pourquoi mais, au moins, ça a eu le mérite de bien la faire rigoler. Ensuite, je suis resté cinq jours en soins intensifs, dont trois durant lesquels mon pronostic vital était engagé. Comme le chirurgien avait reconstitué une bonne partie de mon système digestif, la moindre fuite pouvait m’être fatale. Heureusement, le docteur Bonnevalle (du CHRU de Lille) a fait du super boulot et… je suis toujours là ! Il restera à tout jamais celui qui m’a sauvé la vie. Pour ma mère et moi, c’est notre ange-gardien. Et une quinzaine de jours après l’intervention, j’ai pu rentrer chez moi.

 

« ALLÔ CHARLOTTE ? SALUT, C’EST BLAISE MATUIDI »

 

C’était alors la rentrée des classes. Mais tu devais sans doute avoir la tête ailleurs, non ? 

Pas du tout. Ma première préoccupation était de bien débuter mon année de 3e et de prendre un minimum de retard. En fait, je voulais juste être comme tout le monde, au plus vite. Mais j’ai dû patienter jusqu’au mois de février 2017 avant de pouvoir retourner normalement à l’école. Entre temps, certains profs du collège ont eu la gentillesse de venir me faire cours à la maison. Tandis que, de mon côté, je me suis accroché autant que possible afin de réussir ma dernière année au collège. J’étais terriblement stressée lors des épreuves du Brevet, car j’étais convaincue que j’allais le louper. J’ai finalement plutôt bien assuré. 

 

Et pendant ce temps-là, pensais-tu toujours à rencontrer Blaise ?

Plus que jamais, même ! La deuxième occasion s’est présentée lors d’un déplacement du PSG à Lille, le 28 octobre 2016. La veille, je savais dans quel hôtel les Parisiens allaient s’installer et j’avais terriblement envie d’y aller. Le problème, c’est que j’étais pliée en deux. Je me tordais de douleur, mais je me disais que c’était peut-être le moment ou jamais. Alors, j’ai convaincu ma mère de prendre la voiture et nous sommes parties d’abord vers l’aéroport, où l’on a vu le bus parisien passer juste devant nous. Comme dans les films, ma mère a fait demi-tour d’un coup pour suivre le bus de près. Je me rappelle qu’elle nous avait dit de bien accrocher nos ceintures car on allait rouler vite ! Une fois devant l’hôtel, comme il n’y avait pas de place, ma mère m’a déposé avec ma grand-mère et j’ai couru le plus vite que je pouvais pour être à côté de la porte d’entrée au moment où les joueurs allaient passer. Après s’être garée à l’arrache, ma mère était, quant à elle, de l’autre côté des barrières installées entre le bus et l’hôtel. Quand Blaise est sorti, je l’ai vu l’appeler, lui parler puis me montrer du doigt. Et là, il s’est dirigé vers moi avec un grand sourire, avant de me prendre la main. C’était trop d’émotion… J’ai fondu en larmes. Des larmes de joie, certes, mais des larmes impossibles à contrôler. Résultat, pas un mot n’a réussi à sortir de ma bouche. Il a quand même pris le temps de faire une photo. Puis, il a dû entrer. À la fois ravie d’avoir pu le toucher et énervée par ma réaction, j’ai voulu attendre devant l’hôtel au cas où il ressortirait. Mais ça n’a pas été le cas et, au bout d’un moment, ma mère a décidé qu’il était temps de rentrer à la maison.

 

Qu’est-ce qui prédominait chez toi : la joie ou la frustration ?     

J’étais heureuse, bien sûr. Mais je m’en voulais de ne pas avoir su en profiter davantage. J’avais tellement rêvé de ce moment ! Le soir même, sans me le dire, maman a envoyé un mail à l’hôtel dans lequel elle expliquait ce que j’avais vécu et pourquoi ça me tenait autant à cœur de pouvoir échanger quelques mots avec Blaise. 

 

L’hôtel a-t-il répondu ?

Mieux que ça. Le lendemain matin, vers 09h30, le téléphone portable de ma mère sonne alors que je dors encore. Elle répond et quelqu’un lui dit qu’il souhaite parler à Charlotte. Comme elle ne connaît pas le numéro, elle demande : « mais qui est au bout du fil ? ». Réponse : « C’est Blaise Matuidi ». Encore aujourd’hui, quand elle évoque ce moment-là, elle est dans tous ses états. Ensuite, elle vient me réveiller en me tendant le téléphone : « Chachou, y’a quelqu’un qui veut te parler ». Encore endormie, je lui demande qui m’appelle mais elle ne veut pas me répondre. Là, je saisis l’appareil, je le colle à mon oreille et j’entends : « Allô Charlotte ? Salut, c’est Blaise Matuidi ». Incroyable… J’étais sous le choc.

 

Cette fois, as-tu réussi à retenir tes larmes ?

Ben non, je me suis à nouveau écroulée. Alors, Blaise a pris les choses en main. Il m’a juste dit d’arrêter de pleurer et de me préparer afin de le rejoindre à l’hôtel pour 11h00. Franchement, après avoir raccroché, j’avais l’impression que tout ça n’était pas vraiment réel. C’était étrange comme sensation, un peu comme si j’étais dans un monde parallèle. Ce n’est qu’une fois arrivée devant les portes de l’hôtel que j’ai fini par réaliser, lorsqu’une personne est venue nous chercher pour nous installer dans un salon. Plusieurs joueurs parisiens sont passés devant moi. Puis, Blaise est apparu. Je me suis levée et, avant de me dire quoi que ce soit, il m’a fait un gros câlin. Et… oui, forcément, je me suis encore mise à pleurer. 

 

Des mots ont-ils fini par sortir ?

Oui, car Blaise a tout fait pour me consoler et me mettre à l’aise. Au bout de quelques minutes, je me sentais apaisée, presque soulagée. Et un peu épuisée, aussi, par le trop-plein d’émotions. Pour lui montrer à quel point j’étais heureuse de vivre ces instants avec lui, je lui ai dit que… (Émue, elle prend le temps de reprendre son souffle) Je lui ai dit que, désormais, je pouvais mourir en paix.

 

Ce sont des mots très forts. Comment Blaise a réagi ? 

Sa réponse restera à tout jamais gravée dans ma mémoire. Il m’a regardé droit dans les yeux et il m’a dit : « Chacha, je ne veux plus jamais entendre cette phrase sortir de ta bouche. Tu dois continuer à te battre, toujours ! Si moi je suis un guerrier sur le terrain, toi, tu dois être aussi une guerrière face à la maladie ». Il me l’a fait promettre. Alors, j’ai promis. Et depuis, c’est resté. On s’appelle guerrier/guerrière. Ensuite, il m’a posé plein de questions pour mieux me connaître. Il m’a aussi expliqué comment il avait vécu ses problèmes de santé lorsqu’il était jeune. Le fait que, malgré les difficultés, il n’avait jamais rien lâché. 

 

Au sortir d’une discussion aussi intense, comment s’est passée la séparation ?

Après 45 minutes passées ensemble et l’échange de nos numéros, Blaise m’a demandé si, en fin de journée, je souhaitais aller voir le match Lille/PSG au Stade Pierre-Mauroy. Ça me tentait beaucoup mais, vu l’état de fatigue dans lequel j’étais, ça risquait d’être un peu trop compliqué pour moi. Tout de suite, il m’a dit qu’il allait s’arranger pour me faciliter l’accès au stade. Et il a tenu parole ! En passant par le manager du LOSC, il nous a obtenus une place de parking directement sous le stade et des billets VIP. C’était génial. Après le match, comme il rentrait rapidement sur Paris avec son équipe, c’est par « textos » que j’ai pu le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour moi. Il m’a répondu qu’il était aussi très heureux de m’avoir rencontré et qu’on allait très vite se revoir, car l’équipe de France avait un match amical de prévu à Lens (face à la Côte-d’Ivoire) trois semaines plus tard.

 

Eh bien, quelle journée !

Un vrai truc de fou ! De retour à la maison après le match, j’étais complètement lessivée. Je tenais à peine debout mais je me sentais comme sur un petit nuage, émerveillée par ce que je venais de vivre.

 

« JE SAIS MAINTENANT À QUEL POINT BLAISE EST PRÊT À S’ENGAGER POUR AIDER LES ENFANTS »

 

Derrière, comment as-tu repris contact avec lui ?

Quelques jours avant le match entre la France et la Côte-d’Ivoire, Blaise a essayé de me joindre mais j’étais à l’école pour rendre visite à mes professeurs. En fin de journée, on a échangé par SMS et il m’a invité à venir voir le match à Bollaert. C’était top, car le stade de Lens est à 5-10 minutes de chez moi ! La veille de la rencontre, il m’a de nouveau appelé pour que je vienne le voir à l’hôtel des Bleus. Quand je suis arrivée là-bas, il m’a accueilli les bras ouverts, avant de me dire qu’il avait une petite surprise. La surprise, c’était Paul Pogba, qui m’a sauté dessus pour me faire un câlin ! (Rires) On a passé un super moment. Tous les deux, ils m’ont bien fait rire. Puis, ils ont dû partir à l’entraînement. Quand je suis sortie, Blaise n’était pas encore monté dans le bus et il parlait de moi avec Patrice Evra. Dès qu’ils m’ont aperçu, il lui a dit : « La voilà, c’est ma petite ». J’étais aux anges.

 

15 novembre 2016. Comme promis, Blaise a invité « Chacha » à venir voir le match des Bleus au stade Bollaert de Lens. Des places remises en main propre lors d’une entrevue joyeusement partagée avec Paul Pogba.

 

Le Blaise que tu as rencontré correspond-il exactement à celui que tu avais imaginé ?

Non, il est même encore plus gentil que je le pensais ! M’accorder autant d’intérêt, lui qui doit être si souvent sollicité, je n’imaginais pas une seconde que c’était possible. Par la suite, il m’a permis de descendre sur Paris pour découvrir le Parc des Princes et le Stade de France. J’ai des frissons rien qu’en y repensant. Au Parc, j’ai assisté à PSG/Bastia (5-0, le 07/05/2017), puis j’ai été invité à une « Soirée de Rêve » organisée par la Fondation PSG (le 20/05/2017, pour la 38e et dernière journée de championnat). Ce soir-là, j’ai pu visiter le stade, avant de recevoir un maillot floqué du n°14 et de mon prénom sur le bord de la pelouse. Le plus drôle, c’est que Blaise ne savait pas que j’étais là et qu’il a été hyper surpris de me croiser dans le hall des joueurs, juste après le match. Le Stade de France a aussi été un grand moment, d’autant que c’était pour une finale de Coupe de France (1-0 pour le PSG contre Angers, le 27/05/2017). En plus, j’étais assise parmi les invités de Blaise, au beau milieu de sa famille et de ses amis proches. Trop timide pour leur parler, j’étais quand même hallucinée de vivre le match à leurs côtés. 

 

Avec le recul, ta rencontre avec Blaise a-t-elle influencé ta manière d’être ou de penser ?

Moralement, il m’a beaucoup aidé en me répétant que j’étais encore plus forte que je ne le pensais. Qu’il fallait toujours avoir confiance en moi et en mes capacités à réussir, tout en donnant le meilleur de moi-même. Quand c’est Blaise Matuidi qui vous dit ça, on le croit. Et on fait tout pour ne pas le décevoir. En plus, régulièrement, il prend de mes nouvelles. Souvent, il se souvient quand je dois passer des examens et il m’envoie des gentils messages de soutien. Sincèrement, j’estime avoir beaucoup de chance. Encore aujourd’hui, je trouve ça incroyable qu’il me considère comme une amie. Je suis vraiment une privilégiée.

 

Comment ont réagi tes amis en voyant les liens que tu nouais avec l’un des piliers de l’équipe de France ?   

Différemment. La plupart de mes amis les plus proches étaient très contents pour moi, d’autant qu’ils savaient que ça me tenait beaucoup à cœur de le rencontrer. Mais d’autres, en revanche, se sont montrés hyper jaloux, voire même carrément méchants. Certains sont allés jusqu’à faire courir le bruit que je m’étais inventée une maladie, ou que j’avais fait tout ça pour demander de l’argent à Blaise. Quand on entend ce genre de chose, ça fait mal. Surtout lorsque ça vient de gens que l’on pensait bien connaître. Mais, bon, j’ai essayé d’en tirer quelque chose de positif en me disant que, dorénavant, je saurai mieux faire le tri entre les bons et les mauvais amis. Et je sais aussi que ceux qui sont toujours autour de moi sont des belles personnes, des gens bienveillants sur lesquels je peux compter. Il faut se concentrer sur le meilleur et ignorer la bêtise, m’a dit un jour la grande sœur d’une amie. J’essaie au maximum de suivre son conseil, même si ce n’est pas toujours facile. Eh puis, ça aide à grandir !

 

À partir de quel moment t’es-tu intéressée à l’association Les Tremplins Blaise Matuidi ?

Pas très longtemps après sa création (en 2016), lorsque Blaise a communiqué dessus sur son compte Instagram. C’est vraiment super ce qu’il a fait, on sent tout de suite que c’est quelque chose qui lui tenait énormément à cœur. Je sais maintenant à quel point il est prêt à s’engager pour aider les enfants malades ou en difficulté. Je peux en témoigner, tellement il a été formidable avec moi.

 

« JE ME SUIS RETROUVÉ AU MILIEU DE PLEIN DE STARS […] MORTE DE TROUILLE ! »

 

Comment t’es venue l’idée de participer au concours de jeunes talents organisé pour la première édition des Tremplins Live ?

C’est parti d’un délire avec une ancienne copine, Chahinez. Toute seule, je n’aurais jamais osé. Dans la cours de l’école, nous avions filmé une chorégraphie que j’avais ensuite envoyée à Blaise. Comme il l’a trouvait top, il l’a transmise à sa sœur Sylvie afin qu’elle l’inscrive sur les réseaux. Après, il fallait qu’elle récolte suffisamment de votes pour qu’on fasse partie des finalistes. Ma mère a alors sollicité tous les gens qu’elle connaissait. Grâce à eux et à tous ceux qui ont voté pour nous, on a atteint la finale dans un premier temps, puis on a terminé premières.

20 septembre 2017. Victorieuse du premier concours des Tremplins Live, « Chacha » s’éclate sur la scène du Grand Rex. Un an après avoir frôlé le pire, la jeune nordiste rayonne de mille feux. Quelle guerrière ! 

 

En guise de récompense, tu faisais partie des nombreux artistes réunis au Grand Rex pour l’acte I des Tremplins Live, le 20 septembre 2017…   

Franchement, c’était hyper impressionnant ! Dans les coulisses, je me suis retrouvé au milieu de plein de stars. Autour de moi, tout ce beau monde s’activait, plaisantait, se faisait maquiller ou photographier… Alors que moi, morte de trouille, j’essayais juste de me faire la plus petite possible. De plus, je ressentais des douleurs depuis deux semaines et j’avais eu des injections régulières pour tenir le coup. En résumé, j’étais littéralement décomposée avant de monter sur scène. Le « Youtubeur » Jaymax est alors venu vers moi pour me rassurer. Ensuite, il m’a accompagné jusqu’à la scène et il est resté derrière le rideau pour m’encourager. Je l’entendais crier, c’était cool de sa part. Je me souviens que Paul Kabesa (autre « influenceur » apprécié des jeunes sur les réseaux sociaux) avait aussi été très sympa. Sans oublier le neveu de Blaise, Warren, et sa sœur Sylvie, avec qui j’étais déjà en contact sur le web mais que je voyais pour la première fois. Dans la famille Matuidi, ils sont vraiment tous adorables. On sent qu’ils partagent les mêmes valeurs. C’est beau. 

 

Un mot sur ta santé. Aujourd’hui, est-il facile pour toi de vivre comme toutes les jeunes filles de ton âge ? 

On va dire que c’est gérable. J’ai parfois des petits coups de moins bien, mais ce n’est que passager. Je commence à bien me connaître et j’ai compris l’importance pour moi d’avoir une bonne hygiène de vie. Le plus embêtant, au final, c’est au niveau de l’alimentation. Je ne peux plus manger comme tout le monde. Tout ce qui est trop gras, trop sucré ou trop salé, je n’y ai plus le droit. Mais pour le reste, je peux faire à peu près tout ce que j’ai envie.

 

Comme retourner aux Tremplins Live pour le 2e opus au Cabaret Sauvage, par exemple ?  

Oui, je ne pouvais pas manquer ça. Je savais depuis longtemps que j’y serai, puisque le papa de Blaise m’avait prévenu que je serai désormais invitée à chaque édition. Mais ce que m’avait caché ma mère, c’est le fait que j’allais devoir une nouvelle fois monter sur scène. Déjà, on arrivant sur place, j’étais étonnée par le fait que l’on entre dans la salle de spectacle par les coulisses. Là, j’ai été accueillie par les organisateurs, qui m’ont accroché un bracelet « artiste » autour du poignet. Je sentais bien qu’il allait se passer quelque chose, mais quoi ? Puis, Blaise est arrivé et ça m’a fait beaucoup de bien de le voir. J’étais plus rassurée, même si je me demandais toujours pourquoi je n’étais pas avec le reste du public. Ensuite, une maquilleuse est venue me chercher pour s’occuper de moi. C’était bizarre comme sensation. J’étais un peu perdue. De retour près de la scène, j’assistais à la remise du trophée à Maud (la gagnante du concours 2018) quand, tout à coup, j’ai entendu mon prénom. C’était Sylvie (Matuidi) qui me demandait de les rejoindre pour recevoir la même distinction, car elle n’existait pas encore l’année précédente. Toujours aussi émotive, j’ai eu beaucoup de mal à prendre la parole. Heureusement, Sylvie m’a vite pris dans ses bras et le public a fait pas mal de bruit. C’est bon, j’étais sauvée. Après ça, j’ai enfin pu profiter à fond de la fête. Fini le stress, j’ai dansé jusque très tard dans la soirée. 

Avec sa maman Jessy, Charlotte a soutenu à 200% les futurs champions du monde durant la Coupe du monde. Surtout leur n°14, toujours présent sur leurs joues durant les matchs. Et au soir d’une finale idyllique, « Chacha » fera résonner tout le Pas-de-Calais en chantant à tue-tête : « Sacré Matuidi, sacré Matuidi, si tu savais comment j’t’aime ! ». 

 

Pour finir, quels sont tes projets dans un futur plus ou moins lointain ?

Il y en a beaucoup ! Tout d’abord, je veux continuer à assurer à l’école pour avoir mon BAC dès l’année prochaine. Après, j’aimerais bien entamer des études supérieures afin de devenir assistante sociale. C’est un beau métier. Et ça me plairait énormément de pouvoir aider ceux qui en ont le plus besoin. À côté de ça, le top, ce serait que je puisse développer un blog autour de la mode. J’adore ça ! Alors, pourquoi ne pas partager ma passion avec un maximum de gens ? Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’espère continuer à vivre des beaux et grands moments avec tous les gens que j’aime. Avec ma mère, qui est tout simplement la meilleure maman du monde. Avec ma famille, avec mes amis… et avec Blaise, bien sûr ! D’ailleurs, le prochain challenge que je me suis fixée, c’est d’aller le voir jouer à Turin, au Juventus Stadium. Ce sera peut-être ma prochaine surprise, qui sait ?   

29 octobre 2018. Invitée par Sylvie Matuidi à monter sur la scène du Cabaret Sauvage lors de la 2e édition des Tremplins Live, Charlotte a vite eu besoin de réconfort pour encaisser ce nouveau trop-plein d’émotions. Assurément, l’un des plus beaux moments de la soirée.   

      

 

 

                 

Auteur de l’article : T. B. M.