ON VA SE RÉGALER

À quelques jours du concert caritatif Les Tremplins Live Act II au Cabaret Sauvage, le 29 octobre prochain, Blaise Matuidi évoque son engagement en faveur des enfants, mais aussi son humeur du moment… Excellente, forcément !


 

La main sur le coeur

Blaise, comment t’est venu l’idée des Tremplins Live ?

La musique a le don de rassembler les gens et d’apaiser les esprits. Tout le monde ou presque y est sensible, et notamment les enfants. Voilà pourquoi j’ai insisté pour que l’on mette en place ce rendez-vous annuel qu’est devenu Les Tremplins Live. Pouvoir réunir des artistes de la nouvelle génération qui partagent mes idéaux et ainsi offrir un spectacle inédit et original aux plus jeunes, c’est déjà un bel événement en soi. Mais le faire avec l’objectif de récolter des fonds afin de venir en aide aux plus nécessiteux, c’est formidablement gratifiant et enthousiasmant à la fois. L’année dernière, même si mon emploi du temps ne m’avait pas permis d’être présent au Grand Rex, j’avais pu constater que la première édition avait été un franc succès grâce à tous les retours ultra positifs que j’avais eus. Mais cette fois, pour notre deuxième opus au Cabaret Sauvage, j’ai tout fait pour parvenir à être là ! Pour moi, c’était impossible autrement. D’ailleurs, j’en profite pour remercier tous ceux qui participent à l’organisation de l’événement, car il a fallu décaler la date du spectacle d’une semaine et changer de salle.   

 

Est-ce facile de réunir des artistes bénévolement autour d’une cause comme la tienne ?

Le plus difficile, c’est d’arriver à caler une date qui convienne au plus grand nombre au milieu de nos agendas déjà surchargés. Ça, c’est le plus gros défi ! En revanche, c’est beaucoup plus simple de faire adhérer des célébrités à la cause des enfants. À travers nos métiers, que l’on soit chanteur, danseur, musicien, comédien, humoriste ou encore sportif comme moi, on a déjà tous en nous la volonté d’offrir du plaisir à ceux qui nous regardent, nous suivent et nous encouragent. Alors, quand on propose une telle initiative au bénéfice des plus défavorisés, les visages ont plus tendance à s’illuminer qu’à s’obscurcir.

 

Parmi les célébrités ayant répondu présent, il y a notamment Vegedream, dont le tube « Ramenez la Coupe à la maison » est devenu viral durant l’été. Peux-tu nous raconter votre rencontre ?     

Avant même la Coupe du monde, on était déjà un certain nombre au sein du groupe à suivre ce que faisait Vegedream, tandis que « Ben » (Mendy) et « Sam » (Umtiti) le connaissaient personnellement. Avec sa chanson sur nous, il a su saisir la belle occasion qui se présentait à lui. C’est fort ! Et on était sûr qu’il croyait en nous, puisqu’il avait pris le risque de sortir son morceau avant la finale. Comme beaucoup de Français, il était déjà très fier de notre parcours et de la force collective que l’ont avait affichée tout au long de la compétition en Russie. Résultat, « Ramenez la Coupe à la maison » est quasiment devenu l’hymne de notre épopée, un peu comme le « I Will Survive » de Gloria Gaynor pour les champions du monde 98. Une récompense méritée pour un gars qui, comme nous, se donne à 100% pour atteindre les sommets de sa discipline. Ce qui est top, aussi, avec son tube, c’est le fait qu’il symbolise parfaitement le super état d’esprit qui a régné entre nous durant les 8 semaines passées ensemble. Lui aussi est fédérateur, comme on a pu s’en apercevoir lors du tour d’honneur qui a conclu magnifiquement les célébrations au Stade de France le 9 septembre dernier. J’ai même des amis qui m’ont dit que son single marchait très bien à l’étranger, c’est dire s’il a réussi son coup.

 

« JE N’AI PAS PU RETENIR MES LARMES »

 

Et on aura le plaisir de l’entendre en live lundi prochain au Cabaret Sauvage…

Ça va être du délire ! Franchement, je suis super content qu’il m’ait tout de suite dit oui, d’autant qu’il est complètement « surbooké » depuis cet été. Les spectateurs présents vont pouvoir s’enflammer. Et on peut faire confiance à Vegedream pour « ambiancer » la foule, c’est un expert. On va se régaler ! Car on a réuni un joli plateau avec également Dadju, Franglish, Nej, la Zdria Family et pas mal d’invités-surprises.

Peux-tu nous en dévoiler quelques-uns ?

Ben non, car ce ne serait plus une surprise ! (Rires)

 

 
Tremplins Live Act II (29 octobre à 19h)

 

Parlons alors de l’objectif principal de ce deuxième acte des Tremplins Live

C’est vraiment le cœur de l’événement. Cette année, nous avons décidé de réaliser un projet ambitieux. Grâce aux bénéfices et aux dons récoltés le soir du concert, nous allons financer la construction d’un nouvel orphelinat au Congo-Kinshasa. Le choix du lieu géographique est aussi lié à l’histoire de notre famille car, si mes parents sont originaires du nord de l’Angola, une grande partie de nos proches ont fait leur vie de l’autre côté de la frontière en RDC, notamment à cause de la longue guerre civile qui a meurtri le pays. Là-bas, on a pu constater que beaucoup trop de très jeunes orphelins se retrouvaient dans un dénuement total. Pour être tout à fait honnête, lorsqu’on m’a montré les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles ils vivaient, je n’ai pas pu retenir mes larmes. J’imaginais mes enfants à leurs places, et… (Un temps de silence) Ça fait vraiment mal au cœur. Mais ça donne aussi envie d’agir sans attendre, avec des actions efficaces pour leur venir en aide rapidement. Voilà l’essence même de l’association Les Tremplins : faire notre possible pour redonner le sourire aux enfants en souffrance, qu’ils vivent en banlieue parisienne, en France ou ailleurs dans le monde. Un travail de fond qui nécessite un engagement fort, un mental d’acier et une endurance à toute épreuve. Ça tombe bien, nous sommes bien pourvus de ce côté-là dans la famille…

 

Partager avec les enfants, les aider dans leur construction, leur transmettre ton état d’esprit… N’est-ce pas ce qui t’a poussé à t’engager dans le milieu associatif ? 

Grâce à mes parents, qui m’ont inculqué dès mon plus jeune âge des valeurs fortes telles que la solidarité, la fraternité, la bienveillance, le goût de l’effort et tant d’autres encore, j’ai toujours eu l’envie d’aider les plus démunis, ceux qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi. Et particulièrement les enfants, car leur fragilité et leur innocence me touchent profondément, tandis qu’ils représentent l’avenir d’un monde que l’on souhaite tous meilleur. Alors que je débutais ma vie de footballeur, j’ai été sensibilisé au domaine caritatif par un ami proche de mon père. Une rencontre inoubliable. Depuis, je n’ai cessé de faire mûrir dans mon esprit l’idée de créer moi-même une structure capable de relever ce défi essentiel à mes yeux. 

 

 

 

C’est ainsi qu’en 2015, Les Tremplins Blaise Matuidi ont vu le jour… 

Un vrai challenge collectif et familial relevé avec l’aide précieuse de mon père (président de l’association), de ma sœur Sylvie (porte-parole et responsable événementiel) et de toute une équipe aussi déterminée que compétente, dont le dévouement auprès des enfants fait aujourd’hui ma fierté et me pousse à m’engager toujours plus. Basée près du lieu de résidence de mes parents (à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne), où elle œuvre au quotidien pour faciliter des projets visant à soutenir des jeunes malmenés par la vie, notre association n’a pas de frontières, puisqu’elle est également très active sur le continent africain. Nos trois premières années ont été l’occasion de gagner en expérience et en efficacité, d’autant que nous sommes parvenus à multiplier les initiatives concrètes et positives. La voir grandir et se développer dans le temps, c’est quelque chose qui me tient énormément à cœur. Grâce à ma notoriété, j’ai la chance d’être aujourd’hui plus écouté que d’autres. À moi de mettre cet avantage à profit pour passer les bons messages, fédérer un maximum de monde et en faire bénéficier des enfants qui ont tellement besoin de notre générosité.

 

 

« IL VA FALLOIR UN TOME 2 À MES MÉMOIRES… »

 

Ton autobiographie parue en 2016 s’intitule « Au bout de mes rêves ». Imaginais-tu alors que ces derniers allaient t’emmener jusqu’au graal du football, conquis l’été dernier en Russie ? 

En fait, j’ai même le sentiment d’être allé au-delà de mes rêves ! Je disputais ma deuxième Coupe du monde, avec une finale de l’Euro entre temps. Et là, pouvoir soulever ce trophée de légende… Sincèrement, je n’avais jamais vraiment osé m’imaginer vivre un truc pareil. Certes, j’ai vu la génération des Zidane, Deschamps, Blanc, Barthez et compagnie entrer dans l’histoire en 1998. Mais faire partie de ceux qui apporteraient la deuxième étoile sur le maillot des Bleus, 20 ans plus tard, ça me paraissait quelque chose d’improbable, tant le défi semblait considérable. 

 

Et Pourtant…

On l’a fait, au terme d’une aventure humaine et collective extraordinaire. C’était incroyable, presque magique. À tel point que c’est encore difficile pour moi, plus de trois mois après, de définir par des mots les émotions que j’ai ressenties à l’issue de la finale et durant les jours qui ont suivis. Lorsque j’ai écrit ma biographie, je pensais avoir réalisé la majeure partie de ce que je souhaitais vivre dans ma carrière de footballeur. C’était loin d’être le cas et je n’ai jamais été aussi heureux de me tromper ! Depuis, plutôt que d’être rassasié, ça me donne envie de prendre toujours plus de plaisir. Et que ce soit avec la Juventus ou l’équipe de France, les challenges ne manquent pas. Bref, il va bientôt falloir un Tome 2 à mes mémoires… Je n’ai que 31 ans ! 

 

Désormais, aux yeux des nouvelles générations, c’est vous les champions du monde ! Ça change un homme, non ?

Je me souviens qu’en septembre 2000, mon père me déposait devant les portes du temple du football français : Clairefontaine. J’étais alors un jeune banlieusard de 13 ans comme les autres, plein de rêves et d’énergie. Quelques semaines après mon arrivée au centre, j’avais eu le bonheur inouï de serrer la main des champions du monde 98, également vainqueurs de l’Euro durant l’été. Devant moi, s’élevaient Lilian Thuram, Thierry Henry, Fabien Barthez, Emmanuel Petit… et Patrick Vieira, l’un de mes modèles, avec lequel j’avais osé prendre une photo. J’étais comme un fou ! Ce cliché, il est toujours dans un cadre, chez mes parents. Grâce à ces monuments du sport national, les joueurs de ma génération ont grandi avec l’idée que tout était possible. Deux décennies plus tard, c’est maintenant à mon tour de partager cette expérience si unique dans une vie avec nos jeunes, dont certains seront peut-être les champions du monde de 2030, 2034 ou 2038. Plus qu’une obligation, c’est d’abord une mission formidablement agréable à remplir.

 

As-tu croisé les jeunes de l’INF Clairefontaine depuis ton sacre avec les Bleus ?

Bien sûr. Comme il y a encore là-bas des personnes de l’encadrement qui étaient déjà en place à mon époque, j’aime bien aller de temps en temps leur rendre visite lors des rassemblements de l’équipe de France. En sélection, actuellement, nous sommes trois anciens pensionnaires de l’INF avec Kylian (Mbappé) et Alphonse (Areola). Et on voit bien que, lorsqu’on échange avec les jeunes du centre, ils ont tout de suite les yeux qui brillent. C’est émouvant car je me revois à leur place, 18 ans plus tôt.

Auteur de l’article : T. B. M.